Préservation des spots de surf

Avatar RIPITUP | février 26, 2021

Les surfeurs, grâce à leur générosité, contribueraient à faire de la planète un monde meilleur ?

Le surf aurait-il un effet positif sur le plan du développement économique et environnemental ?

L’Économie du surf peut-elle être évaluée?

(Par Surfing Vox)

Je rêvais d’un autre monde, où la terre serait ronde, où la lune serait blonde…

De façon intuitive Surfing vox a plutôt tendance à penser que les surfeurs explorateurs ont découvert des horizons enchanteurs mais que cela a pu entrainer localement un développement touristique anarchique et une révolution occidentalisée pour la population.

Mavericks, Californie

L’idée d’utiliser l’économie pour évaluer la valeur des ressources du surf existe depuis une décennie avec une première étude centrée sur Mavericks. Mav bénéficie d’une protection juridique en tant que sanctuaire marin national de Monterey Bay. Des restrictions ont été adoptées en 1994 pour assurer la protection du riche écosystème marin, mammifères, oiseaux, invertébrés et de la flore.

Les débuts du tow-in remontent à 1997 puis cela  a été interdit.
Actuellement suite au décès de surfeurs (Mark Foo 1994, Sion Milosky 2011), pour des raisons de sécurité, les jets sont autorisés de décembre à février. Uniquement  lors des conditions de grosses vagues.

La valeur économique nette de Mavericks a été estimée à environ 24 millions de dollars par an sous le prisme de son industrie touristique locale.
Contrairement à son image décontractée le surf est une industrie internationale énorme et lucrative.

Référencer des spots de surf comme World Surfing Reserves permet de prouver la valeur de ces territoires à protéger. Des études sur la surf-économie ont été réalisées à travers le monde, Uluwatu, Mundaka.

Royaume Uni

Initialement réticent à attribuer une valeur monétaire aux vagues, l’organisme de bienfaisance de surf environnemental « Surfers Against Sewage » a estimé en 2013 que le surf contribue à hauteur de 1,4 à 2,5 milliards de dollar par an à travers le Royaume-Uni et pourrait avoir un impact global jusqu’à 7 milliards de dollars.

Lobitos, Pérou

Fondée en 1960, Lobitos fut exploitée pour son pétrole puis nationalisée en 1968 par l’Etat péruvien. Devenue une base militaire puis abandonnée, la ville redevint un lieu fantomatique dans le désert. Avec huit différent spots c’est l’une des meilleures destinations surf du pays.

Ce sont les surfeurs qui vont redonner vie à l’endroit en réhabilitant progressivement des lieux historiques de style Victorien.

Ecoswell a entrepris une étude pour déterminer la contribution économique des surfeurs à la ville côtière de Lobitos. En 2014 la révolutionnaire loi Ley de Rampientes est entrée en vigueur faisant du Pérou le premier pays du monde à accorder une protection juridique à ses vagues.

En vertu de la loi, le développement des infrastructures, l’exploration pétrolière et gazière, les activités de pêche susceptibles de nuire aux spots de surf sont limités.

Préservation des spots de surf

Punta de Lobos, Chili

En 2017, Punta de Lobos est classée réserve mondiale de surf (Save the Waves) et tout développement des infrastructures maritimes et d’aménagement est bloqué.

Le combat a été mené par Ramon Navarro et la fondation Punta de Lobos avec l’aide de Patagonia. Ils ont réussi à racheter les terres pour préserver le site et renaturaliser les espaces.

Développement, surf-économie et tourisme durable

Les surfeurs ont beaucoup de points communs avec l’écosystème de la vie marine qu’ils souhaitent respecter. Des Etats-Unis à Bali, une vague de preuves se construit qui suggère que le surf peut être étonnamment bénéfique pour l’écosystème côtier.

En protégeant les surf breaks naturels contre le développement d’infrastructures comme les jetées, on protège en même temps les propriétés géophysiques uniques du fond marin.
Les spots de surf les plus emblématiques devraient être protégés, non seulement pour les surfeurs mais pour leurs avantages pour l’environnement, le bien-être humain et leur potentiel en matière de tourisme durable.

Là est la grande question !

Il est recommandé aux gouvernements et à la société civile d’envisager d’utiliser le surf pour réengager les citoyens dans le respect des environnements naturels.

De nombreux surfeurs se sont engagés dans des organisations à but écologique Surf Rider Fondation, Save the Waves, Surfers against Sewage. L’activité physique de surfer sur une vague naturelle a un impact  environnemental minimal.

Mais de nombreuses études ne tiennent pas compte de facteurs tels que les émissions de carbone dans les voyages longue distance, l’utilisation de dérivés du pétrole pour la fabrication des planches et des combinaisons. Pas plus que de l’effet néfaste du piétinement sur les récifs coraliens ou de la toxicité de certains écrans solaires.

Le développement touristique peut etre contrôlé à Nazaré où il est facile d’utiliser les infrastructures existantes. Cela est plus problématique quand il s’agit de lieux initialement isolés qui vont devoir gérer le développement touristique (Bali, Maroc).

C’est le vaste débat sur la conservation des sites.

Il n’est plus envisageable  de découvrir un site et de faire confiance à un promoteur qui s’approprie le lieu comme le sien et en fait ce qu’il veut.

Il convient de tenir compte de la fragilité de l’écosystème et de mettre en balance  l’aspect positif et négatif d’une surf-économie autour du spot.

France, La Barre

Protéger les spots contre le développement d‘infrastructure nocive comme les jetées est un impératif. Malheureusement des  erreurs ont  été commise dans les années 70 sur le littoral basco-landais.
On regrettera toujours la plus belle gauche française de la Barre qui, à marée basse, déroulait du large jusqu’à l’Adour. Sans leash il n’était pas rare de rechercher sa planche perdue dans le fleuve. C’est à la Barre que les surfeurs français ont pu découvrir comment évoluer sur la face des vagues alors que l’on faisait plutôt des take-off/travioles.

Témoignage dans la vidéo “France’s Lost Wave”.

Préservation des spots de surf

Surfing vox vous conseille la lecture de :

Spots de surf à Anglet : chronologie d’une mort annoncée (Blog surf-prévention).

SOS Littoral Angloy sosla: ”les Boys of summer 66 en surf trip à Anglet”.

En 1963, l’Etat décide de favoriser l’activité industrialo-portuaire au détriment de l’activité touristique.

Un cas grave de cécité politico-économique.

Dès 1971, la vague de la Barre se dégrade jusqu’à disparaitre et les plages d’Anglet entament leur recul.

Surfing vox a la solution simple et peu coûteuse : dégommer une partie de la digue du Boucau. Cela permettra de reconstituer une réserve pour la flore et la faune marine et on attendra le retour des spots et des plages naturelles.

Pour Capbreton , c’est exactement le même problème. La construction de la jetée a vu disparaitre la droite surfée à marée basse à la sortie sud du courant et du port (Surfing vox a des images super 8 du spot). Sans parler de la disparition des plages à Capbreton !

Solution : on dynamite, on raccourcit, on circoncit propre et net !

Il faudrait le courage du  Pape pour briser le dogme de la jetée ! DUOS HABET ET BENE PENDENTES  !! Selon la formule consacrée.

Jardim Do Mar, Madère

Plus récemment encore on a assisté à la quasi-disparition de la droite de Jardim do Mar à Madère.

En 2003, les surfeurs sont intervenus pour s’opposer  au bétonnage du spot mais sans succès. Ce sont des fonds européens qui ont permis ce désastre et ont ruiné le développement d’une surf-économie durable dans ce coin de l’île.

Le gouverneur régional de l’époque  traita les surfeurs de va-nu pieds dont Madère n’a pas besoin.
L’argument : qu’est que ça peut faire que les vagues cassent plus ou moins loin du bord ?

Les locaux de Jardim do Mar accueillirent les surfeurs protestataires avec des insultes et des tomates !!

Disparition de la gauche de Ponta Delgada suite à la construction d’une digue pour protéger une piscine !

Bientôt il n’y aurait plus que des vagues artificielles ? Une poursuite dans le bétonnage !

Préservation des spots de surf

Pour conclure partiellement ce débat qui mérite d’être poursuivi.

Des milliers (millions ?) de surfeurs sont conscients qu’il faut intégrer la conservation de la nature dans la pratique du surf.

Si la science, l’économie et l’amour du surf s’alignent, on pourra protéger les côtes pour le bénéfice de tous ceux qui aiment la mer et en dépendent.

Référence: article BBC Isabella Kaminski The unexpected benefits of surfing.

 

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