TESSA THYSSEN, PRÊTE POUR LE DECLIC
Sereine, affûtée, ambitieuse : Tessa Thyssen aborde 2025 avec l’intuition que cette année peut tout changer.
(source : Pardonmysurf)
Après une saison 2024 intense, marquée par des hauts et des bas, Tessa a décroché sa requalification directe sur le Challenger Series 2025 grâce à sa 13ᵉ place en 2024 au sein de l’antichambre du CT. La saison 2025 débutera en Australie à partir du 2 Juin pour le Newcastle Surfest. En faisant l’impasse sur la fin du QS 2024/2025, elle a fait le choix audacieux de se recentrer, de travailler sur elle-même, et de préparer son retour avec lucidité, force et envie. Dans un contexte où la WSL étend le nombre de surfeuses sur le CT dès 2026, Tessa se présente avec une ambition claire, nourrie par le plaisir retrouvé et un entourage solide. Le déclic n’est peut-être plus très loin.

NARRABEEN, NEW SOUTH WALES, AUSTRALIA – MAY 9: Tessa Thyssen of France after surfing in Heat 5 of the Round of 48 at the GWM Sydney Surf Pro on May 9, 2024 at Narrabeen, New South Wales, Australia. (Photo by Cait Miers/World Surf League)
Tu t’es requalifiée sur le Challenger Series 2025 grâce à ton classement sur le CS 2024 (13ᵉ au général). Comment tu vis cette requalification après une saison aussi relevée ?
Je suis très contente de m‘ être requalifiée directement via le classement de Challenger Series de l‘ an dernier. Pour être honnête, je me sens à ma place même si j’aurais aimé grappiller quelques places supplémentaires. Pour une saison 2024 aussi chargée avec autant de hauts et de bas émotionnels, que ce soit sur les compétitions, dans ma vie professionnelle et personnelle, je suis plutôt contente de mon année, malgré une petite amertume sur la dernière étape au Brésil (25 e ). Mais je me sens plutôt bien et j‘ ai fait énormément de travail sur moi durant la saison off.
J‘ ai hâte de voir comment je vais l‘ aborder en 2025 et quels seront les résultats de ces changements.
A l‘instar de Marco Mignot l’année dernière, tu as volontairement fait l’impasse sur la fin du QS 2024/2025. Un changement de stratégie par rapport aux années passées. Peux-tu nous en dire plus sur ce qui t’as amené à faire ça ?
Effectivement, je n‘ ai pas fait les QS 2024-2025, notamment celui au Maroc où on a pu voir des conditions incroyables. Et j‘ avoue que c’est frustrant quand tu vois des conditions aussi bien sur une compétition. Mais en même temps, je sais très bien que mon choix était stratégique par rapport à mes besoins actuels et je ne me voyais pas du tout faire n‘ importe quelle compétition jusqu‘ au premier Challenger. Je suis en accord avec ça et ça me convient tout à fait, même si ça fait un peu stresser mon coach Yann Martin, qui lui pensait que c‘ était intéressant de participer aux compétitions quand même. Moi, je n‘ en ai pas ressenti le besoin et au contraire, je me sentais assez fatiguée émotionnellement parlant. Donc, je préférais me ressourcer et prendre ce temps pour moi, plutôt que de gaspiller de l‘ énergie et de m‘ entraîner sur ces compétitions.
Avec l’extension du nombre de surfeuses sur le CT pour 2026, il y aura 2 places qualificative en plus (le TOP 7 se qualifie sur le CT contre le TOP 5 auparavant), est-ce que tu sens que cette année pourrait être la bonne ?
Je suis très très contente ! Enfin, ils proposent un peu plus de place pour les femmes sur le CT, donc c‘ est une nouvelle hyper positive. Est-ce que cette année va être la bonne ? Moi je pense que oui. Je me sens bien, je me sens prête, ça me donne envie, donc il n‘ y a plus qu‘ à. On ne sait jamais ce qui peut se passer dans une vie, mais je me sens bien et je me sens prête, donc j‘ aimerais que ce soit la bonne.

Tessa Thyssen (FRA) during Round of 32 at the Rip Curl Pro Anglet
Tu nous avais indiqué dans un épisode du podcast Pardon My Surf qui t’était consacré, que tu souhaitais profiter de l’intersaison pour te renforcer physiquement afin de réaliser des manœuvres plus puissantes. Peux-tu nous en dire plus ?
La saison off a été effectivement très efficace pour ma préparation, préparation physique notamment, parce que je me sens bien physiquement. Il y a quelques objectifs qui sont encore à peaufiner, mais dans mon surf et dans mon corps, je me sens en adéquation. Là, on va essayer de trouver des petites pépites de planche juste avant la saison.
Et il n‘ y a plus qu‘ à, effectivement. Là, je me sens puissante, je me sens réactive. Donc, je me sens capable dans toutes conditions et ça me met en confiance aussi.
Peux-tu nous détailler et nous présenter les personnes qui t’accompagnent pour atteindre tes objectifs ?
Je suis super contente de pouvoir avoir la même équipe sur laquelle je peux compter depuis quelques années maintenant. Commençons par Yann Martin, mon coach surf, qui me suivra sur toutes les étapes des Challenger Series. J‘ ai en plus un préparateur physique, Gaëtan Richard qui est à Saint-Barthélemy, mais qui me suit à l‘ année aussi, qui m'envoie toutes les programmations et qui est un soutien et a un accompagnement incroyable. Depuis novembre dernier je travaille avec une coach mentale, Isabelle Inchauspé avec qui j’aborde une nouvelle approche des compétitions. Et j‘ ai aussi Manda Granger qui est nutritionniste, qui m‘ aide à optimiser toute la récupération et ma performance. C‘ est mon équipe annuelle. Et par la suite, j‘ ai quelques intervenants comme Cyrille Alda, ostéopathe, et Fabrice Vincent, magnétiseur. Il y a quelques personnes autour qui viennent s‘ intégrer en fonction de mes besoins, et je suis super contente d‘ avoir toutes ces personnes là autour de moi, je me sens très reconnaissante et j‘ adore recevoir leur soutien.
Tu es donc coachée au niveau Surf par Yann Martin, éminent coach qui a entre autres actuellement dans son team Jorgann Couzinet (Champion d’Europe WSL 2024/2025), Sarah Leiceaga, Tristan Guilbaud (depuis peu) et qui a vu passer Johanne Defay, Marc Lacomare… Comment se passe le travaille avec lui et comment vous travaillez sur l’ensemble de l’année entre les temps sans compétition et les temps de compétition ?
Ma relation avec Yann Martin est super bonne, elle est très saine, je pense, parce qu‘ on est tous les deux très cash. Je suis très contente de pouvoir travailler avec lui, ça fait quelques années maintenant, et pour moi, c‘ est un pilier dans ma vie. Il a été là, dans le perso comme dans le professionnel, et pour moi, c‘ est justement ce genre de relation que je cherche pour pouvoir avoir 100% confiance.
Lors des compétitions, savoir que je peux me reposer sur lui quand j‘ ai des doutes, même dans l‘ accompagnement global je lui fais confiance. Et quand il me dit de faire ça, je ne vais pas y réfléchir trop comme je pourrais le faire normalement. Pour moi, c‘ est une immense aide de l‘ avoir à mes côtés, et effectivement, il coache de belles personnes et de très bons talents. Je suis contente que Jorgann travaille avec lui aussi, on va très certainement voyager cette année tous les trois ensemble.
Je sais que pour l‘ Australie, Justin Becret va se rajouter à nous, c‘ est super cool de pouvoir échanger avec d‘ autres surfeurs. Moi, j‘ aime beaucoup pouvoir échanger, partager ces choses-là avec d‘ autres, et Jorgann, c‘ est un très bon ami, donc je suis très contente de pouvoir faire tout ça avec lui.
Tu viens de Saint-Barthélemy et y vit une partie de l’année. Comment tu gères une saison entière sur le tour ?
Effectivement, je viens de Saint-Barthélemy. J‘ ai d’abord besoin d‘ y retourner pour me ressourcer. J‘ adore l‘ île, même si elle change énormément. Le surf n‘ est pas super incroyable et consistant mais j’adore ma vie là-bas. Je ressens le besoin d‘ y retourner pour ma préparation et également pour ma recherche de partenariat. Je trouve que c‘ est important d‘ y passer du temps quand je peux. Ensuite, dès que ma saison se rapproche, je viens en France pour revoir Yann (Martin) et commencer à me mettre dans un rythme, dans une routine, pour ensuite voyager. Quand je suis en France, j’ai mon petit pied à terre à Anglet. Ça aide pour les voyages et pour le budget. Je dirais que je fais du 50-50 entre Saint-Barth et Anglet, avec les voyages entre tout ça.
Qu’est-ce qui nourrit ta motivation au quotidien, dans les moments de doute comme dans les bons ?
Avant, j‘ étais vraiment dans le devoir, dans le travail. Et je dirais que maintenant, c‘ est vraiment plus dans la passion, dans le plaisir. Et c‘ est ça que j‘ adore, c‘ est ça qui me stimule en ce moment. C‘ est vraiment le plaisir, c‘ est être dans l‘ eau et passer des bons moments. Je sais qu‘ il faut que j‘ accepte pas mal de choses, notamment faire avec la forme du moment. Du coup, c‘ est se retrouver assez vulnérable, notamment dans les moments de doute. Mais il faut savoir l‘ accepter aussi et je suis en train de travailler là-dessus. Donc, c‘ est quelque chose qui me plaît beaucoup et qui me met sur une vague positive. C‘ est pour ça que je parle aussi d‘ une nouvelle approche. C‘ est qu‘ avec ma coach mentale Isabelle Inchauspé, on travaille là-dessus justement pour trouver un bon équilibre entre le travail et le plaisir. Et je trouve ça super cool.
La vie de surfeuse pro, c’est beaucoup de voyages, de hauts et de bas. Qu’est-ce que tu trouves le plus dur à gérer ?
C‘ est même beaucoup plus de bas que de haut. Et à la base, je trouvais ça assez fatigant et compliqué à gérer.
J‘ ai hâte de voir avec ma nouvelle ligne de conduite, comment je vais interpréter tout ça. Parce que c‘ est énormément d‘ adaptation aussi, et quand on est en compétition, c‘ est assez épuisant. Donc j‘ ai hâte de pouvoir voir ce que j‘ en fais de tout ça et comment je le gère. Après, les bas en général, ce qui te motive, c‘ est de toujours aller de l‘ avant, rebondir. C’est comme ça que je suis de manière personnelle et professionnelle. Donc j‘ aime rebondir, j‘ aime pouvoir me dire qu‘ on va chercher plus loin. Et parfois, c‘ est un peu trop, c‘ est pour ça que je cherche à trouver un équilibre. J‘ aime beaucoup pouvoir voyager, j‘ aime beaucoup mon train de vie. Même si, effectivement, parfois c‘ est fatigant, on est toujours en train de voyager, toujours en train de chercher quelque chose. Et c‘ est pour ça que l'hiver, la saison off, c‘ est important de se ressourcer pour pouvoir repartir de plus belle pour la prochaine saison.
Est-ce que tu trouves que le surf féminin progresse côté visibilité, moyens, reconnaissance ?
Le surf féminin progresse énormément. Il y a toujours eu une grosse notoriété autour de « la surfeuse », mais le surf féminin progresse en termes de légitimité dans le monde professionnel, dans le monde de compétition, et je trouve ça super, notamment avec les nouvelles générations qui arrivent en force. Je pense directement à Tya Zebrowski, qui est hyper complète. C‘ est pour moi, une des sources d‘ inspiration sur lesquelles même moi, je pourrais me reposer, parce qu‘ elle est vraiment très complète et c‘ est un atout gigantesque pour la compétition. Je trouve ça super cool de voir comment le surf féminin évolue et jusqu’où ça va nous pousser.
Pour finir, si tu devais résumer ce que tu veux pour la saison 2025 en un mot ou une phrase ?
Ma saison 2025, j‘ ai hâte de l‘ entamer. Je ressens l‘ envie de performer, l‘ envie de me faire plaisir, l‘ envie de faire partie de tous ces moments-là. J‘ ai vraiment hâte de pouvoir me remettre dans le game.